Entrer dans un compagnonnage
L'Evangile d'aujourd'hui (Jn 10, 11-18) montre que Jésus entretient avec son peuple une relation tellement originale qu'il l'a comparée à celle du berger et des brebis. Souvenons-nous que, déjà dans l'Ancien Testament, Dieu promettait d'intervenir lui-même comme un berger pour suppléer aux carences des chefs de son peuple, qui se comportaient en mercenaires.
Aujourd'hui, en choisissant cette image du berger et des brebis, Jésus nous invite à réfléchir à la profondeur de notre relation avec lui. En nous parlant de la familiarité qui existe entre le berger et les brebis, l'Evangile évoque le lien d'intimité que le Christ souhaite nouer avec chaque femme et chaque homme. Dans ce sens, « le texte nous convoque d'abord à contempler la figure du bon berger à laquelle Jésus s'identifie. Quelques lignes suffisent à prendre la mesure de l'image.
En tant que berger, Jésus est pleinement dévoué à ses brebis. Il le sera jusqu'au don total de sa vie. Comment ne pas alors nous ressouvenir de la Passion du Christ que nous venons de célébrer il y a quelques semaines à peine ? Car la Passion est cet acte inouï de liberté par lequel le Christ se dessaisit de sa vie, pour que nous prenions la pleine mesure de la passion d'amour de Dieu pour nous. C'est à la lumière de cette démesure de l'amour de Dieu qu'il faut d'ailleurs considérer la figure de la brebis. Elle est celle qui connait cet amour et qui ne s'en éloigne pas. Elle a trouvé, en lui, le frais pâturage dans lequel elle veut demeurer. Et ce pâturage est suffisamment vaste pour accueillir une multitude d'autres brebis en quête, elles aussi, d'une vie renouvelée. »
Bon berger, Jésus l'est vraiment. Non seulement il écoute, il est aussi le gardien qui protège, prend soin et conduit sur les bons chemins, dans les bons pâturages. Notons que Jésus pousse à l'extrême son rôle de berger en donnant jusqu'à sa vie s'il le faut. Il n'hésitera pas de se dessaisir, de se défaire de sa vie pour ses brebis, preuve de son amour pour elle. Il n'est pas comme ce mercenaire qui ne s'occupe que de son propre intérêt et qui abandonne son troupeau au moindre danger. Ici, tout pour le Christ, n'est qu'offrande, offrande de lui-même pour la réalisation de la mission universelle de salut lui confiée par son Père.
Comme des brebis, entretenons une relation de grande complicité, un compagnonnage avec le Christ, disposons-nous à écouter ce qu'il nous dira. D'où l'impérieuse nécessité d'être témoin du Christ ressuscité qui implique un don total de soi. Je termine, en cette semaine de prière pour les vocations, par ce questionnement : pour remplir notre mission de disciples, « jusqu'où sommes-nous prêts à risquer notre vie ? Pour être témoins du Ressuscité, du Bon Berger, du seul Pasteur, jusqu'où accepterons-nous d'aller ? (…) A chacun d'y répondre. »
Fulbert Mujike