Qu'Il règne !
Par cette belle fête du Christ Roi de l'univers, nous clôturons l'année liturgique. Jésus est Roi parce qu'il s'est fait Serviteur allant jusqu'à donner sa vie pour tous les hommes. C'est lui qui, comme l'écrit saint Paul aux Corinthiens, « doit régner jusqu'au jour où Dieu aura mis sous ses pieds tous ses ennemis. Et le dernier ennemi qui sera anéanti, c'est la mort ». Il n'est pas un roi guerrier car c'est par la non-violence et l'amour qu'il a vaincu la mort. En mourant et en ressuscitant il nous obtient le salut qui s'étend à tout l'univers. Jésus règnera par la conversion de nos cœurs et par l'ouverture aux autres. La clé de l'évangile de ce dimanche est bien là.
Mon intérieur est appelé à être une maison de prière où il fait bon de demeurer avec Jésus. En m'habitant du plus profond de mon être, Jésus me plonge dans le réel qu'est Dieu lui-même. Ce dernier me fait comprendre l'histoire de l'humanité selon son dessein d'amour. Rempli de Jésus, celui-ci m'oriente non seulement vers Dieu, mais aussi vers les autres. Tout l'enjeu de l'évangile dit du dernier jugement se trouve là. Jésus, le Fils de l'homme fera le tri entre les bénis et les maudits. Les uns et les autres seront surpris par le critère sur lequel ils sont jugés bénis ou maudits car il s'agit tout simplement de l'humble service rendu ou non aux plus petits des hommes, aux affamés, aux assoiffés, aux étrangers, aux malades, aux prisonniers, etc. Le ton est donné, le jugement ne porte pas sur la foi ou sur la pratique religieuse, mais sur la charité, « c'est-à-dire sur la foi qui agit, sur le témoignage, sur les ‘talents' qui fructifient, sur le service à l'exemple de Jésus ».
Ce discours prophétique du jugement dernier ne doit en aucune façon nous effrayer. Jésus ne nous demande pas l'impossible, « il nous demande de faire ce que nous pouvons pour le pauvre que nous rencontrons sur notre chemin, le malade que nous pouvons visiter et aider, etc. ‘C'est à moi que vous l'avez fait', pourra nous dire Jésus, dans le secret ». Nous qui voulons que Jésus règne, voilà le chemin qui nous est tracé et qu'il convient de suivre. Lorsque nous rencontrons l'affamé, l'assoiffé, l'étranger, le malade, le prisonnier… c'est le Christ lui-même que nous rencontrons car c'est sous leurs traits, les traits de ceux qui sont dans le besoin qu'il se présente. Plus Dieu m'habite, plus je m'ouvre aux autres ; plus je m'éloigne de Dieu, plus je m'éloigne des autres. Nos actions non pas forcées, mais celles tellement naturelles que nous ne pensons même pas à mettre en avant, ce sont elles qui nous font rencontrer Jésus. Prenons ce chemin avec lui.
Je voudrais terminer mon propos avec un extrait de la dernière lettre de notre évêque (Tel un brouillard qui se déchire. Message pour ce temps de confinement dû au Coronavirus, p. 4) : « Mais comment ne pas croire au message d'amour du Christ qui sauve l'humanité de ses errements et de ses fautes ? Nous ressentons son Esprit à l'œuvre dans les multiples initiatives qui sont prises ces derniers temps et dans le dévouement d'innombrables personnes. Seule la foi en un Dieu père, qui fait de nous tous des frères et des sœurs peut sauver l'humanité. Et cette foi transcende la mort. Comme le dit le Christ dans l'Apocalypse, en présentant la Jérusalem nouvelle (…) : ‘Voici la demeure de Dieu avec les hommes. Il demeurera avec eux et ils seront ses peuples. Et lui-même, Dieu-avec-eux, sera leur Dieu. Il essuiera toute larme de leurs yeux, et la mort ne sera plus ; et il n'y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur. Les premières choses s'en sont allées. Voici que je fais toutes choses nouvelles' (Ap 21, 3-5). Cette espérance nous guide et nous inspire. Par nos gestes et nos actions nous entamons dès maintenant cette cité nouvelle que nous promet l'Apocalypse. Prions pour nous associer à ce grand projet du Christ pour l'humanité. La prière nous permet de nous unir à toute l'humanité pour participer à la création de ce monde ».
Viens Seigneur Jésus, viens régner dans nos vies.
Bonne fête du Christ Roi de l'univers !
-- Votre curé, Fulbert Mujike